mardi 14 mai 2013

Chapitre 8 (par Aurélie)




Alors que la tête de Diego disparaît au-delà de la pointe rocheuse, Fréderic reste sur le pas de la porte décharnée du cabanon, immobile comme une statue de marbre. Il n’a pas de temps à perdre et pourtant un sentiment le tétanise, une peur sournoise qui s’immisce jusqu’au tréfonds de ses entrailles et semble dévorer les dernières onces d’espoir qui semblaient encore s’y loger. Pourtant, une chose le rassure, sa femme et son fils se portent bien, loin de ce merdier nauséabond. Le visage d’Isabelle flotte devant ses yeux, son sourire le ravive et il se reprend. Au loin, le sentier de Rosas l’appelle.


La crique Cala Jôncols n’a pas changé, le sable y est toujours aussi blanc, la mer du même bleu qu’il y a vingt ans. Il aimerait rester ici, vivre sans se soucier du reste, des hommes en noirs, des ventes d’armes, du trafic d’enfants. Mais sa raison et son sens de la justice, le même qui lui a fait intégrer la DGSE, balayent en un instant ses envies de fuite.






Il a les réponses, il est la clé.






Mort de faim, il court jusqu’au cabanon et pousse violemment la porte. Quelques fruits, du fromage et de l’eau sont remisés dans le coin le plus sombre. Une paillasse d’algues séchées fait office de lit de fortune. Après un maigre festin, Frédérique, mort de fatigue, s’endort comme un enfant.


Peu à peu, autour de lui, les bruits de la nuit prennent d’assaut son refuge.






Alors que l’obscurité couvre encore la plage, le fugitif est réveillé par un bruit assourdissant . Une panique puissante le saisit. Par un petit trou que le temps et le sable ont sculpté dans le bois il aperçoit un hélicoptère armé. Sur son flan l’insigne de l’Armée Française. Il est perdu. S’il sort, il est cuit. S’il ne bouge pas, il sera peut-être pulvérisé. Alors qu’il fait les cent pas dans son gîte d’une nuit, un bruit sourd retient son attention. Il écarte la paille qui recouvre le sol et, dans un de ces instants qui ferait croire en Dieu, il découvre une trappe qui mène, sans doute, au-delà de la plage.


Sans réfléchir il s’y engouffre. Son possible salut lui explose le cœur, ce dernier bondit si fort dans sa poitrine qu’une vive douleur le saisit. Sans sourciller, il continue à se traîner le long de l’étroit tunnel creusé dans le sable, puis dans la roche et soudain, il débouche à plusieurs centaines de mètres de la mer, à l’orée d’un petit bois, à l’abri.


Ses pieds foulent le sol au moment où l’hélicoptère reçoit la décision de détruire le cabanon. Il sent les vibrations de l’explosion et s’imagine béni des dieux. Le goût du risque et de l’aventure envahit sa bouche et il commence à aimer cela.


Alors que quelques hommes fouillent les décombres en s’apercevant qu’aucun corps ne s’y consume, Frédérique court vers Montjoi, vers la Seat blanche, vers l’aventure de sa vie.






Heureux d'être en vie, il n’entend pas les pas de l’ombre qui le suit…

7 commentaires:

  1. Le suspens s'installe encore plus

    RépondreSupprimer
  2. Le flambeau passé crépite ! :-)

    RépondreSupprimer
  3. Quel est l'ordre suivant (où sont passés 8. Laetitia 9. Matthias)? C'est ton tour lekther ? (Après c'est moi ?) ouille ouille ouille !

    RépondreSupprimer
  4. Habile manière de rebondir :-)) Pas certain que ça nous mène vers le trafic d'enfant en Amérique Latine, tout ça ! Suspens

    RépondreSupprimer
  5. Je viens de lire les huit chapitres, chapeau! Quelle écriture ! Quel suspens ! Félicitations à tous, j'attends la suite :-)

    RépondreSupprimer
  6. Je suis en attente également. Comme je vais être sans internet jusqu'en aout, j'essaierai de trouver une manière de me connecter (cybercafé ou médiathèque) pour suivre ces aventures !
    Bonne écriture aux suivants !

    RépondreSupprimer