Fatigue,
stress, mal-être... Frédéric pensait en minimisant ses sentiments
d'angoisse à vomir rien qu'à l'idée de devoir décoller.
Les
colosses n'ont hélas pas vu d'objection à les laisser passer.
En
moins de temps qu'il fallut à Frédéric pour ne serait-ce
qu'imaginer un plan de fuite, il était hissé sans faire pied ni
grand fairplay à l'intérieur du jet.
On lui
avait baissé la tête comme si la porte était trop basse, et c'est
ainsi, une main de fer sur la nuque, qu'il entendit :
— Veuillez
installer Monsieur Tanget, en face de moi.
Le
sang de Frédéric, une fois de plus se figea : cette voix,
impossible !
Brutalement
enfoncé dans son siège, à tel point qu'il se trouvait en dessous
du niveau des têtières, il releva le nez et avec stupeur, reconnu
les tempes grisonnantes de son patron, le ministre de la défense
assassiné dans son petit chez lui tout retourné.
— Bienvenue
Tanget, content de vous voir, je n'irais pas jusqu'à dire, en si
bonne forme ! Laissez-nous, nous avons des choses à nous dire.
Les
livreurs du paquet surent s'évaporer avec une discrétion
surprenante.
Frédéric
restait muet tant il tentait de comprendre dans quelle dimension il
se trouvait. Son épuisement lui jouait-il encore des tours ?
N'était-il pas encore le nez dans la poussière sur les trottoirs de
Paris ?
— Remettez-vous,
c'est bien moi ! Vous avez été berné comme tout le monde !
J'avais
besoin de faire le mort une semaine ou deux. Enfin ça dépend de
vous, petit Tanget de merde. Nous allons faire en sorte que je puisse
ressusciter avec honneur et dignité. Si je dois rester mort, je ne
serai pas tout seul, compris ?
Aucun
son
— Ton
silence, Fonctionnaire bien rangé, va pas me plaire longtemps. Tu
vas chanter mon gars, je voudrai plus t'entendre que tu gueuleras
encore
Monologue
— Tu
fais le malin ! Tu crois que tu en as les moyens avec ta
numérisation codée, tes techniques infaillibles de camouflage
informatique
Silence
— Eh
ben ouais t'es malin, mais t'es qu'un homme mon gars, un petit
bonhomme et t'as pas cogité, pas assez. Asocial que tu es, le nez
dans tes microbes et tes micros, tes fiches et tes dossiers, des
ragots, tes rapports, t'as oublié l'humain
Aucune
réaction
— Bon
je vois que Monsieur fait la sourde oreille, et bien ouvre grands tes
yeux Fouillemerde
Monsieur
le ministre sur la défense, sans perdre une goutte de sang, mais
perlant à grosses gouttes nauséabondes, tapa trois mots sur son
smartphone — même pas dernier cri — avouez que pour une
terreur!
— Je
vais te remettre les pendules à l'heure, mon Janset (écorchant
volontairement son patronyme)
Frédéric
ne prit pas la peine de regarder les définitives 21 h 30
affichées sur sa montre brisée, comme le reste de sa vie pépère.
Pas au bout de ses surprises, pourtant, il était, notre analyste
consciencieux et téméraire !
Les
deux hôtesses de l'air, corbeaux noirs et virils, refirent leur
apparition dans le jet qui n'avait pas bougé d'un iota. Ils
encadraient non moins brusquement une femme, dont Frédéric reconnut
immédiatement les jolies jambes.
Le
choc lui fit retrouver instantanément la parole :
— Isabelle !
S'étrangla-t-il
Rire
tonitruant du ministre
— Tout
cela n'a aucun sens, on n'est même plus mariés, revoyez vos
fiches !
Qu'est
ce que c'est que ce cinéma ? Elle n'a rien à voir là-dedans.
Une affaire d'hommes, rien d'autre, et encore juste une histoire de
paperasse ! Y a même plus mort d'homme ! Alors foutez-moi
la paix, nom de D*** ! Oh ? Je vous parle, qu'est-ce que
c'est que ce bordel ? Et le mec, là, que j'ai vu à la télé,
qui se pavanne avec ma gueule, c'est qui ? Tu vas parler, oui
— Non
c'est toi qui vas parler scribouillard ! Je vois que t'es bien
parti ! Tu vois, je l'avais senti !
Très bien... de mieux en mieux... l'atmosphère s'épaissit. L'histoire trouve peu à peu son ton.
RépondreSupprimerBien vu Tippi!
Bravo Tippi! on va donc fouiller dans les paperasses...
RépondreSupprimerAh bravo, copine ! On redresse sérieusement la situation. Et qu'est-ce qu'on va faire de cette Isabelle !!! :-) Question longueur pour répondre à Jean-Luc Mercier, je crois (je ne retourne pas en arrière pour vérifier), il va falloir se ranger du côté de la nouvelle... :-)
RépondreSupprimerJ'attends la suite avec impatience... et ce chapitre me laisse perplexe ;-)
RépondreSupprimerAvec cette "échange" entre Frédéric et le ministre, et cette Isabelle plantée là :-)) ... tu m'as bien inspiré. Bravo Tippi
RépondreSupprimerMerci pour vos commentaires et pour l'aventure ! Au plaisir de vous lire tous et chacun !
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