vendredi 3 mai 2013

Chapitre 6 (Tippi)




Fatigue, stress, mal-être... Frédéric pensait en minimisant ses sentiments d'angoisse à vomir rien qu'à l'idée de devoir décoller.

Les colosses n'ont hélas pas vu d'objection à les laisser passer.

En moins de temps qu'il fallut à Frédéric pour ne serait-ce qu'imaginer un plan de fuite, il était hissé sans faire pied ni grand fairplay à l'intérieur du jet.

On lui avait baissé la tête comme si la porte était trop basse, et c'est ainsi, une main de fer sur la nuque, qu'il entendit :

Veuillez installer Monsieur Tanget, en face de moi.
Le sang de Frédéric, une fois de plus se figea : cette voix, impossible !

Brutalement enfoncé dans son siège, à tel point qu'il se trouvait en dessous du niveau des têtières, il releva le nez et avec stupeur, reconnu les tempes grisonnantes de son patron, le ministre de la défense assassiné dans son petit chez lui tout retourné.

Bienvenue Tanget, content de vous voir, je n'irais pas jusqu'à dire, en si bonne forme ! Laissez-nous, nous avons des choses à nous dire.

Les livreurs du paquet surent s'évaporer avec une discrétion surprenante.

Frédéric restait muet tant il tentait de comprendre dans quelle dimension il se trouvait. Son épuisement lui jouait-il encore des tours ? N'était-il pas encore le nez dans la poussière sur les trottoirs de Paris ?

Remettez-vous, c'est bien moi ! Vous avez été berné comme tout le monde !
J'avais besoin de faire le mort une semaine ou deux. Enfin ça dépend de vous, petit Tanget de merde. Nous allons faire en sorte que je puisse ressusciter avec honneur et dignité. Si je dois rester mort, je ne serai pas tout seul, compris ?

Aucun son

Ton silence, Fonctionnaire bien rangé, va pas me plaire longtemps. Tu vas chanter mon gars, je voudrai plus t'entendre que tu gueuleras encore

Monologue

Tu fais le malin ! Tu crois que tu en as les moyens avec ta numérisation codée, tes techniques infaillibles de camouflage informatique

Silence

Eh ben ouais t'es malin, mais t'es qu'un homme mon gars, un petit bonhomme et t'as pas cogité, pas assez. Asocial que tu es, le nez dans tes microbes et tes micros, tes fiches et tes dossiers, des ragots, tes rapports, t'as oublié l'humain

Aucune réaction

Bon je vois que Monsieur fait la sourde oreille, et bien ouvre grands tes yeux Fouillemerde

Monsieur le ministre sur la défense, sans perdre une goutte de sang, mais perlant à grosses gouttes nauséabondes, tapa trois mots sur son smartphone — même pas dernier cri — avouez que pour une terreur!

Je vais te remettre les pendules à l'heure, mon Janset (écorchant volontairement son patronyme)

Frédéric ne prit pas la peine de regarder les définitives 21 h 30 affichées sur sa montre brisée, comme le reste de sa vie pépère. Pas au bout de ses surprises, pourtant, il était, notre analyste consciencieux et téméraire !

Les deux hôtesses de l'air, corbeaux noirs et virils, refirent leur apparition dans le jet qui n'avait pas bougé d'un iota. Ils encadraient non moins brusquement une femme, dont Frédéric reconnut immédiatement les jolies jambes.
Le choc lui fit retrouver instantanément la parole :

Isabelle ! S'étrangla-t-il

Rire tonitruant du ministre

Tout cela n'a aucun sens, on n'est même plus mariés, revoyez vos fiches !
Qu'est ce que c'est que ce cinéma ? Elle n'a rien à voir là-dedans. Une affaire d'hommes, rien d'autre, et encore juste une histoire de paperasse ! Y a même plus mort d'homme ! Alors foutez-moi la paix, nom de D*** ! Oh ? Je vous parle, qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Et le mec, là, que j'ai vu à la télé, qui se pavanne avec ma gueule, c'est qui ? Tu vas parler, oui

Non c'est toi qui vas parler scribouillard ! Je vois que t'es bien parti ! Tu vois, je l'avais senti !









6 commentaires:

  1. Très bien... de mieux en mieux... l'atmosphère s'épaissit. L'histoire trouve peu à peu son ton.
    Bien vu Tippi!

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  2. Bravo Tippi! on va donc fouiller dans les paperasses...

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  3. Ah bravo, copine ! On redresse sérieusement la situation. Et qu'est-ce qu'on va faire de cette Isabelle !!! :-) Question longueur pour répondre à Jean-Luc Mercier, je crois (je ne retourne pas en arrière pour vérifier), il va falloir se ranger du côté de la nouvelle... :-)

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  4. J'attends la suite avec impatience... et ce chapitre me laisse perplexe ;-)

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  5. Avec cette "échange" entre Frédéric et le ministre, et cette Isabelle plantée là :-)) ... tu m'as bien inspiré. Bravo Tippi

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  6. Merci pour vos commentaires et pour l'aventure ! Au plaisir de vous lire tous et chacun !

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