dimanche 30 juin 2013

Chapitre 12 (par Pierre Hamelin)


Des pépites et des sauvages tu vas en rencontrer plein, plein, plein… Ces mots résonnèrent dans sa tête telle une alarme surgissant à l’approche d’une violente tempête. Il se sentait pourtant en sécurité depuis qu’il avait tout dévoilé au président. Ce dernier lui assurait l’anonymat lors de ses déplacements et sa mission ne consisterait qu’à livrer l’information qu’il détenait à un cercle fermé d’agents de la DGSE en mission.

Des pépites et des sauvages tu vas en rencontrer plein, plein, plein… que voulait-il insinuer?

C’est alors que Frédéric décida de scruter les intentions derrière cette escale qu’il croyait de tout repos. Il regarde Dolorès, tente de l’amadouer avec un sourire attentionné. C’est alors qu’il remarqua la cicatrice sous le menton lui donnant un air de capitaine Crochet. Que s’est-il passé? L’ont-ils tabassée? Pourquoi?

— Depuis quand as-tu cette cicatrice se décida-t-il de lui demander?
— Tais-toi espèce de con, tu nous as encore foutu dans la merde en livrant toute l’information au président, et ce sans discernement
— Mais, je ne comprends pas, c’est notre président? On se doit de lui dire la vérité? Et on a un marché avec lui, non!
— Oui, mais pas avec son entourage…?
— Taisez-vous bande de pleutres de cafards boiteux et préparez-vous au pire… Ah oui, Diego, votre ami vous attend à destination

Mais Frédéric savait au fond de lui qu’il n’avait pas tout dit. L’essentiel était sa police d’assurance. Mais était-ce cette omission qui se tournait contre lui et que quelqu’un en haut lieu en savait plus que lui…

Soudain, une bombe éclata dans son cerveau lorsqu’il se remémora des courriels qu’il avait interceptés jadis et que ceux-ci jumelés à d’autres données (lieux, dates, noms, etc.) décela qu’une taupe se terrait dans l’entourage du président et que celle-ci correspondait, sous couvert du secret diplomatique, avec des résidents de la République de Suriname.
Parmi des informations qu’il détenait, il se souvint qu’entre autres, des pirates à la solde du Sentier Lumineux près de la frontière du Suriname et le Guyana se préparaient à attaquer un bateau battant pavillon français.

Mais alors, qu’attendaient-ils de lui? se devait-il retenir l’information coûte que coûte? Devait-il divulguer ce qu’il avait caché au président?

Il ne se sentait pas l’âme d’un agent super entraîné pour résister à la torture.

Des gouttes de sueur commençaient à perler le long de ses tempes de plus en plus grisonnantes, il ne put se retenir, un cerne se dessina le long de ses cuisses. Il n’ose imaginer ce qui l" attend. Ce fut le regard stupéfait de Dolorès qui le sortit de sa torpeur.

Un gorille s’approcha d’eux avec un sourire désinvolte : alors les amis, on se prépare à partir. Nous nous reverrons en Suriname et là, sous les bons soins de nos amis indigènes, vous nous cracherez tout ce que vous savez et serez par après, une bonne monnaie d’échange. Un rire gras s’échappa de sa gorge...

samedi 22 juin 2013

Chapitre 11 (par Marilyn)

 Frédéric rêvait ! Le Président de la République - en personne - s’avançait vers lui ! Il l’aurait bien taillé en morceaux ce fromage, puis étalé sur un pain dur comme une pierre. « Traître corrompu ! Gauche/Droite, tous les mêmes... A quand un juste milieu ? - Bah, tu rêves petit gars. Ce n’est pas sur cette terre que tu trouveras cela ! ».

ça, Frédéric le savait. Et depuis longtemps ! Il se l’était suffisamment répété et ce n’était pas pour rien qu’il s’était enfermé dans sa solitude. Dans son monde virtuel, plus de désillusions, plus d’incompréhensions... Tout marchait sur des roulettes dans ses jeux vidéo jusqu’à cette foutue découverte... et l’idée d’en bâtir un dossier ! Quel con ! Il n’était qu’un con - avait-il eu largement le temps de se convaincre en marinant au fond de ce moulin qu’il connaissait dans ses moindres recoins... Que venait faire son parrain dans l’histoire ?

Frédéric ne rêvait pas. Le Président marchait vers lui avec un sourire coincé sur ses lèvres serrées. Il avançait seul. Enfin, non, il était suivi à bonne distance par six de ses acolytes. Frédéric reconnut aussitôt les deux baraqués. Pas possible de les oublier ! Puis Paul, son supérieur de la DGSE - Paul, impossible de se tromper, même s’ils étaient tous affublés de ce costume city... Lui, ses cravates étaient toujours more than trend. Elles ressortent comme un bouton sur le nez ! Les autres types, il  ne les connaissait pas, ni même ne les avaient rencontrés dans ses tribulations... Et puis il y avait encore cette foutue Lara Craft à poils...

Les deux baraqués dépassèrent le Président sur ses côtés et arrivés à hauteur de Frédéric, ils l’aidèrent à se relever ; il puait comme un singe... Il ne s’était pas lavé depuis « l’escale » à Pézilla-la-Rivière. Il se sentait faible, très léger face au Président, mais bien remonté : le robot docile de la DGSE ne se laisserait pas faire ! La politique et les magouilles, il s’en foutait. Il n’aspirait qu’à une chose : retrouver sa petite vie d’ermite à Passy. Prendre une douche, enfiler ses nippes élégantes, se fondre dans la bonne société. Retrouver les amis virtuels de ses réseaux, son cinoche d’art et d’essai, prendre un pot à la terrasse de la Muette. ça et rien d’autre ! De toutes façons, sa vie ne lui offrait pas d’autres espérances... Alors il dirait tout ! Tout, tout, tout ! Tout contre une douche !

Le Président était maintenant devant lui, se baissant en lui tendant la main... « Bonjour Monsieur Tanget.

- Ah non ! Vous n’allez pas recommencer ! Mon nom est Jantet ! » se rebiffa-t-il d’une voix voulue ferme. Les deux escogriffes l’avaient assis sur l’un des sièges de metteur en scène qu’ils avaient déposés face à face. Comme au cinéma... avait songé Frédéric, prêt pour la séance de B to B. Le Président prit place à son tour, après avoir légèrement repoussé son siège avec un pincement de nez :

- Je tenais à vous présenter mes excuses... Monsieur Danger ! Pardon, Jantet !

- Vous pouvez ! le coupa Frédéric, la colère montant.

- Oh, vous l’avez cherché... Vous avez conservé par-devers vous des informations capitales... Dans une affaire dont vous détenez la clé... m’a-t-on dit...

Frédéric pensa aussitôt à Diégo. Où était-il passé celui-là ? S’il l’attendait à Para-j’sais pas quoi - au Dixit Bar - il pouvait l’attendre longtemps... Encore heureux, il se sentait finalement à l’aise en compagnie du Président. C’était bien plus rassurant que d’être pourchassé par les fous du Sentier Loumineux...

- Ainsi, m’a-t-on dit... vous auriez découvert... dans les opérations du budget... des anomalies... »

*

L’eau coulait dans la baignoire. Pendant ce temps, Frédéric se rasait en sifflotant. Il se sentait ragaillardi. Bientôt « nettoyé » comme un sou neuf.  Les deux baraqués avaient fait des emplettes et suivant sa liste à la lettre, ils avaient rapporté ses produits préférés ; il avait retiré du sac son indispensable baume avant-rasage pour peaux sensibles et même un flacon de 125 ml de son eau de toilette. Unforgivable de Sean John. Des vêtements propres l’attendaient sur le lit, conformes à ses  indications et à ses mensurations exactes. Sa commande avait été exécutée avec rigueur jusqu’au caleçon à pois vert. Frédéric était heureux...

Il n’avait pas été long à accepter le marché. Une telle occasion de voir sa vie de fugitif brutalement transformée en celle de potentiel héros l’avait immédiatement boosté. Homme d’action s’il en avait douté, eh bien il l’était. Bel et bien... La Lara Craft moustachue lui avait donné le goût de l’aventure réelle. Sans risque, pas d’imprévu : rien d’extraordinaire à attendre ! Il était un autre homme... Monsieur « Danger » (son nom de code) était facile à retenir.

Frédéric rassembla ses papiers, puis claqua la porte de la chambre. Arrivé en bas de l’hôtel, il vit Paul et l’équipe qui l’attendaient à côté d’une Dodge NITRO noire. Une autre... A croire que l’État avait des super prix... Il y avait toujours les deux montagnes-piquets et la Dolorès. Paul lui intima de se caler à ses côtés et après une brève mise au point, lança le départ.

« Vous croyez qu’on y rencontrera des Arawaks ? Des Karibs ou des Tupis ? demanda Frédéric.
- Ah-ah, toi t’es resté sur ton nuage, mon p’tit mignon ! répondit l’un des deux colosses dans un rire gras.
- Danger tu peux en croire un vieux de la vieille, renchérit son clone, en république de Souriname des pépites et des sauvages tu vas en rencontrer plein, plein, plein... ça pullule ! »


jeudi 13 juin 2013

Chapitre 10 (par Chris)

Je suis perdu, je cherche une réponse ou du moins une logique à cette histoire. Ce jumeau sorti d'on ne sait ou et cet homme qui me fixait en dehors du café. Cette Dolores qui se transforme tel un golgoth, elle est où d'ailleurs la poilue ? Je me glisse dans le musée en me faisant le plus discret possible. Je me mêle à la foule  tout en cherchant à m'enfuir le plus loin possible d'ici. Le groupe se dirige vers la sortie. Un car de tourisme les attend. Je décide de monter et de prendre place dans le bus. Un homme assis derrière  moi me donne une casquette et des lunettes de soleil : "mets ça vite ! " me dit-il. Il y a un passeport dans la casquette avec ma ganache dessus et un nom. Je suis Fabrice Anka pour le moment. Le car se dirige vers la gare, je cherche un plan B et je décide de partir pour le sud de l'île de France, dans un petit hameau près de Chalo St Mars, c'est très isolé et peut connu. Je me souviens qu'une  personne m'avait parlé d'un mystère mettant en cause certains cadres de la DGSE. Je ne  me souviens que de ce moulin et de ses hautes muraille l'entourant. J'essaye d'indiquer l'endroit au chauffeur de taxi qui me conduit.
"Pourquoi aller la-bas ? "me dit le chauffeur, je ne repond pas.
"Vous devriez repartir" me dit-il encore.
Le taxi me laisse devant le portail du moulin, je sonne mais personne ne repond. Pas même le vent ne fait de bruit dans les branches des arbres de cet endroit reculé. Une voiture arrive à ma hauteur, un bras me tire à l'intérieur. Je suis bâillonné et on me cache la vue. Un sentiment de répétition me vient à l'esprit avec ce nouvel enlevement.
J'entends une voix: "tu es content de toi ? "C
Cette voix je la reconnais. J'entends  clairement la voix de Dolores ! La voiture s'arrête, on m'enlève ce sac de sur la tête  et...non c'est pas possible ! Jean-pierre le proprio du moulin est là aussi. Mais c'est quoi ce merdier sans nom ? Dolores est dans la voiture à me regarder, elle est superbe et je me perds dans mes pensées en imaginant son corp se mélanger avec le mien, je me vois bien derrière elle à la bousculer de mes coups de reins. Dolores a deviné mes pensées, elle a un petit sourire et me dit : "pour ça on verra plus tard."
Je pose des questions, demande pourquoi moi et pas un autre ? 
"Bougre de con, tu va nous faire pleurer Tanget ..euh Anka ..euh Tanga" me dit en retour une des personnes présentes.
"Tu pensais t'en sortir comme ça ? Tu te crois plus malin que les autres ? "
Je dois garder mon calme et ne pas craquer, ils savent tous que je connais tout sur eux. Mais jean-pierre,quel rôle a t'il dans cette affaire ? Je suis amené au moulin, on me descend dans la pièce ou se trouve la roue à aube. Ma porte se referme, le bruit de l'eau dans la roue est irréel, je ne m'entends même pas crier. Deux heures passent quand la lourde porte en fer se rouvre, une ombre apparaît et.....nooooooooon !

jeudi 6 juin 2013

Chapitre 9 (par Amapola)

Une main se posa doucement sur l'épaule de Frédéric qui, n'ayant pas repéré l'ombre qui le suivait silencieusement, se retourna brusquement et dans un élan de panique quasi burlesque, improvisa un low kick balayette rotatif particulièrement pathétique... Et c'est bien de la pitié qu'il vit à ce moment-là dans les yeux de Dolorès qui lui saisit la cheville au passage en lui promettant d'un ton menaçant :

« Retente une connerie de ce genre avec moi et je te jure que je te pète la jambe pauvre idiot ! »

        Le goût du risque et de l'aventure qui l'avaient envahi quelques minutes auparavant disparurent brusquement. Non, ce n'était pas un homme d'action, définitivement pas. Il détestait ça d'ailleurs ! Lui, c'était l'agent 0007 à la rigueur ! Il était plutôt du genre à ne jamais sortir sans son parapluie à la vue du premier nuage gris dans le ciel, à presser le pas pour ne pas rater le début de sa série télévisée favorite, à ne pas toucher aux cacahuètes dans les bars douteux... Il n'allait pas dans les bars douteux de toutes façons !

        C'était tout cela et bien plus encore qu'il put lire dans les yeux de Dolorès à cet instant précis. Car cette femme-là voyait tout, elle comprenait tout, elle possédait la rare faculté d'analyser une situation aussi complexe soit-elle en une fraction de seconde... Une ombre. Un agent tapi dans l'ombre. Un agent secret. 007 en personne !
Elle lui lâcha alors la cheville et s'essuya la main sur le revers de sa veste comme si elle s'était salie. « Connasse ! » pensa Frédéric. Puis, cachant mal son antipathie évidente envers lui, Dolorès déclara de façon péremptoire :

« - Laisse tomber la Seat ! On reprend le tunnel !
-       Le tunnel ? Mais pourquoi ? Diego m'a dit que...
-       Laisse tomber Diego ! Pendant que vous roucouliez tous les deux, j'ai vu deux gars piéger la voiture.
-       Piéger la voiture ?
-       Tu comptes répéter tout ce que je dis comme ça ou on peut y aller avant de se prendre une balle ?
-          M'enfin... »

        Dolorès ne l'écoutait déjà plus. Elle s'était retournée et se dirigeait d'un pas vif vers le tunnel. Inutile de préciser que cette Lara Croft à moustaches commençait à bien lui taper sur le système. Mais Frédéric, en homme bien comme il faut, prenait sur lui et rongeait son frein, attendant le moment opportun pour la remettre à sa place.

« - C'était qui ces gars ?
-       Unos gilipollas de « Sendero Luminoso »
-          Sentier Lumineux... »

        Frédéric se souvint alors de ce que lui avait raconté Diego quelques minutes auparavant sur les activistes du Sentier Lumineux. Il recoupa ces informations avec ses propres connaissances sur ce groupe de mouvance marxiste qui n'hésitait pas à commettre des actes terroristes pour faire passer leur message... Et ces gens-là connaissaient la valeur des symboles ! Ce n'est pas pour rien qu'ils travaillaient à l'explosif ! S'appuyant sur la mort légendaire de l'Inkarri Tupac Amaru, ils faisaient exploser le corps de leurs victimes afin que les différentes parties de leur cadavre ne puissent se réunir et ainsi empêcher que le mort ne revienne à la vie. Et à en croire miss poils aux pattes, aujourd'hui, c'était son tour... Frédéric se demandait bien quelle connerie il avait pû faire pour se retrouver là. Il se sentait pris au piège, traqué comme une bête aux aboies et ne savait plus du tout quoi penser. En plus, il allait devoir suivre cette fille hautaine et désagréable qui s'engouffrait dans le tunnel devant lui...

        Ils parcoururent les premières minutes dans un silence total, pressant le pas. Dolorès ouvrait la marche en éclairant le sinistre passage grâce à l'option lampe torche de son portable, car il ne s'agissait pas d'un simple passage, mais d'une multitude de boyaux reliés les uns aux autres. La peur de s'y perdre et de se retrouver seul dans ce véritable labyrinthe serra la gorge de Frédéric qui faisait de son mieux pour suivre la cadence soutenue de Dolorès tout en slalomant entre les toiles d'araignée. C'est d'ailleurs en baissant la tête pour éviter l'une d'elle qu'il remarqua qu'aux intersections, entre chaque boyau, une plaque indiquait le nom de la rue se trouvant au-dessus, comme dans les égoûts de Paris qu'il avait visités l'hiver dernier avec un club de retraités.

        Après plusieurs minutes de marche, Frédéric ressentit une sensation étrange au niveau de son poignet gauche. Il regarda donc sa montre et ce qu'il découvrit le stupéfia : elle était molle ! Sa montre était molle ! Elle dégoulinait le long de son avant-bras et laissait s'échapper le temps qui tombait goutte à goutte sur le sol ! Pensant être victime d'une hallucination, il voulut appeler Dolorès, mais celle-ci se retourna d'elle-même vers lui pour vérifier qu'il la suivait toujours. La scène prit soudain une tournure encore plus surréaliste : le léger duvet ourlant les lèvres de Dolorès semblait pousser à vue d'oeil et il s'entortillait sur lui-même pour former une malicieuse moustache qui pointait curieusement vers le haut. Tel un automate aux yeux fixes et à la diction mécanique, elle articula difficilement :

« - Il y a des jours où je pense que je vais mourir d'une overdose d'autosatisfaction...
-       Comment ?
-          La beauté sera comestible ou ne sera pas ! »

        Totalement abasourdi, Frédéric avait la désagréable impression de se noyer dans une piscine de coulis de framboise, quand ses yeux tombèrent sur la plaque indiquant :

-          Plaza Gala-Salvador Dalí -


Ils se trouvaient juste au-dessous du célèbre musée...