Frédéric rêvait ! Le Président de la République - en personne -
s’avançait vers lui ! Il l’aurait bien taillé en morceaux ce fromage, puis
étalé sur un pain dur comme une pierre. « Traître corrompu !
Gauche/Droite, tous les mêmes... A quand un juste milieu ? - Bah, tu rêves
petit gars. Ce n’est pas sur cette terre que tu trouveras cela ! ».
ça, Frédéric
le savait. Et depuis longtemps ! Il se l’était suffisamment répété et ce
n’était pas pour rien qu’il s’était enfermé dans sa solitude. Dans son monde
virtuel, plus de désillusions, plus d’incompréhensions... Tout marchait sur des
roulettes dans ses jeux vidéo jusqu’à cette foutue découverte... et l’idée d’en
bâtir un dossier ! Quel con ! Il n’était qu’un con - avait-il eu
largement le temps de se convaincre en marinant au fond de ce moulin qu’il
connaissait dans ses moindres recoins... Que venait faire son parrain dans
l’histoire ?
Frédéric ne rêvait pas. Le Président marchait vers lui avec un sourire
coincé sur ses lèvres serrées. Il avançait seul. Enfin, non, il était suivi à
bonne distance par six de ses acolytes. Frédéric reconnut aussitôt les deux
baraqués. Pas possible de les oublier ! Puis Paul, son supérieur de la
DGSE - Paul, impossible de se tromper, même s’ils étaient tous affublés de ce
costume city... Lui, ses cravates
étaient toujours more than trend. Elles
ressortent comme un bouton sur le nez ! Les autres types, il ne les connaissait pas, ni même ne les
avaient rencontrés dans ses tribulations... Et puis il y avait encore cette
foutue Lara Craft à poils...
Les deux baraqués dépassèrent le Président sur ses côtés et arrivés à
hauteur de Frédéric, ils l’aidèrent à se relever ; il puait comme un
singe... Il ne s’était pas lavé depuis « l’escale » à
Pézilla-la-Rivière. Il se sentait faible, très léger face au Président, mais
bien remonté : le robot docile de la DGSE ne se laisserait pas
faire ! La politique et les magouilles, il s’en foutait. Il n’aspirait
qu’à une chose : retrouver sa petite vie d’ermite à Passy. Prendre une
douche, enfiler ses nippes élégantes, se fondre dans la bonne société.
Retrouver les amis virtuels de ses réseaux, son cinoche d’art et d’essai,
prendre un pot à la terrasse de la Muette. ça
et rien d’autre ! De toutes façons, sa vie ne lui offrait pas d’autres
espérances... Alors il dirait tout ! Tout, tout, tout ! Tout contre
une douche !
Le Président était maintenant devant lui, se baissant en lui tendant la
main... « Bonjour Monsieur Tanget.
- Ah non ! Vous n’allez pas recommencer ! Mon nom est
Jantet ! » se rebiffa-t-il d’une voix voulue ferme. Les deux
escogriffes l’avaient assis sur l’un des sièges de metteur en scène qu’ils
avaient déposés face à face. Comme au cinéma... avait songé Frédéric, prêt pour
la séance de B to B. Le Président prit place à son tour, après avoir légèrement
repoussé son siège avec un pincement de nez :
- Je tenais à vous présenter mes excuses... Monsieur Danger ! Pardon, Jantet !
- Vous pouvez ! le coupa Frédéric, la colère montant.
- Oh, vous l’avez cherché... Vous avez conservé par-devers vous des
informations capitales... Dans une affaire dont vous détenez la clé... m’a-t-on
dit...
Frédéric pensa aussitôt à Diégo. Où était-il passé celui-là ? S’il
l’attendait à Para-j’sais pas quoi - au Dixit Bar - il pouvait l’attendre
longtemps... Encore heureux, il se sentait finalement à l’aise en compagnie du
Président. C’était bien plus rassurant que d’être pourchassé par les fous du
Sentier Loumineux...
- Ainsi, m’a-t-on dit... vous auriez découvert... dans les opérations du
budget... des anomalies... »
*
L’eau coulait dans la baignoire. Pendant ce temps, Frédéric se rasait en
sifflotant. Il se sentait ragaillardi. Bientôt « nettoyé » comme un
sou neuf. Les deux baraqués avaient fait
des emplettes et suivant sa liste à la lettre, ils avaient rapporté ses
produits préférés ; il avait retiré du sac son indispensable baume
avant-rasage pour peaux sensibles et même un flacon de 125 ml de son eau de
toilette. Unforgivable de Sean John.
Des vêtements propres l’attendaient sur le lit, conformes à ses indications et à ses mensurations exactes. Sa
commande avait été exécutée avec rigueur jusqu’au caleçon à pois vert. Frédéric
était heureux...
Il n’avait pas été long à accepter le marché. Une telle occasion de voir
sa vie de fugitif brutalement transformée en celle de potentiel héros l’avait
immédiatement boosté. Homme d’action s’il en avait douté, eh bien il l’était.
Bel et bien... La Lara Craft moustachue lui avait donné le goût de l’aventure réelle. Sans risque, pas
d’imprévu : rien d’extraordinaire à attendre ! Il était un autre
homme... Monsieur « Danger » (son nom de code) était facile à retenir.
Frédéric rassembla ses papiers, puis claqua la porte de la chambre.
Arrivé en bas de l’hôtel, il vit Paul et l’équipe qui l’attendaient à côté
d’une Dodge NITRO noire. Une autre... A croire que l’État avait des super
prix... Il y avait toujours les deux montagnes-piquets et la Dolorès. Paul lui
intima de se caler à ses côtés et après une brève mise au point, lança le
départ.
- Ah-ah, toi t’es resté sur ton nuage, mon p’tit mignon ! répondit
l’un des deux colosses dans un rire gras.
- Danger tu peux en croire un
vieux de la vieille, renchérit son clone, en république de Souriname des
pépites et des sauvages tu vas en rencontrer plein, plein, plein... ça
pullule ! »
Bon, moi qui commençait à craindre que l'on se retrouve encore à Paris et pour de bon... un petit air d'ailleurs commence à nouveau à se faire sentir :-))Il est vrai que Chris avait laissé bien des portes ouvertes avec ce NOOOOOOOOON :-))et voilà Marylin qui, après s'être prélassée dans les petits soins de toilette de ce presque pitoyable Frédéric, le promet à la sagesse des "sauvages" du Surinam... Attention, là-bas, les sauvages ne sont pas ceux que l'on croit :-)) Surtout qu'il n'y est pas encore !!!
RépondreSupprimerMerci Jean-Luc... J'espère bien qu'on va rire un peu... :-)
RépondreSupprimerExcellent chapitre et que réserve la suite?
RépondreSupprimerJe crains que l'histoire ne le dise ! :-( A moins que...
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