jeudi 5 septembre 2013

Chapitre de l'avant dernier! (Madeline)

Frédéric se remettait lentement de ses émotions tandis que les sirènes de police continuaient leur sermon plaintif. Il palpa chaque parcelle de son corps bleuit par les gyrophares, pour vérifier qu’il n’avait pas été touché. Ah ! Paramaribo, ça, il n’était pas prêt d’oublier ! L'échange de coups de feu avait bien failli lui être fatal.

Dans le tumulte de la scène, il avait à peine entendu les portières des Ford Sierra claquer. Encore abruti par l’agitation ambiante, il retrouvait à peine ses esprits lorsqu’il vit quatre uniformes rouge et vert – ornés d’une étoile jaune - s’affairer autour de lui. Il fixait les fusils, solidement tenus d’une main tandis qu’il s'imaginait déjà les poignets captifs de menottes froides. Pourtant c’était lui la victime. Rien ne semblait avoir de sens. Il paniqua, bloqua sa respiration, durcit son estomac, anticipant les coups de crosse qu'il se voyait déjà recevoir à moins que ce ne soit un uppercut qui éjecterait sa seule molaire non cariée, en dehors de sa bouche. Arrête ton film ! Fred ! se persuada-t-il en osant un coup d’oeil sur le visage des policiers.

Tout se passa alors comme au ralenti. Très rapidement, les deux flics de derrière assommèrent leurs collègues. C’est alors que Frédéric reconnut le visage de..….Dolores ! Jamais il n'aurait pensé trouver aussi réjouissant le visage de cette Lara Croft à moustache.
  • Bon, alors, tu te magnes, ou quoi ? lui hurla-t-elle.
Derrière Dolorès, le quatrième policier terminait d’immobiliser les deux autres flics puis il se releva et son regard de braise croisa celui de Frédéric. Diego, Dieu soit loué ! Diego était là, déguisé en policier, il allait le sortir de là ! oh, Diego, mon cher Diego !
- Monte, abrouti ! il faut s'enfouir avant que la vraie polizia ne vienne…


Dolores prit le volant, Diego poussa Frédéric sur la banquette arrière et s’assit à coté de lui. La Ford Sierra repartit à toute allure sur la voie de droite dans un hurlement de sirène.
- Poutain, Gauche - Izquierda, Dolores, on roule à gauche ici ! Bordel !

Dolores donna un coup brutal à gauche et la voiture s’enfila dans un nuage de poussière.
Soudain, le Cmax canari apparut dans le rétroviseur :
  • On a de la visite, s’écria Dolores
  • Peut être que si on avait éteint les sirènes… se risqua Frédéric.
Diego et Dolores se regardèrent, l’espace d’une seconde, dépourvus par le sens analytique de Frédéric.

Dolores écrasa le pied sur l’accélérateur et prit la direction de la côte. Le temps était lourd et la chaleur insoutenable. Des nuages noirs menaçaient l’horizon. La route sinueuse longeait la côte atlantique tandis que le Cmax se rapprochait dangereusement. Un coup de tonnerre retentit, suivi d’autres coups…Instinctivement, Diego bascula Frédéric pour le protéger des tirs. La vitre arrière vola en éclat. Un éclair zébra le ciel sombre. Des pluies violentes s’abattirent. Dolores n’y voyait rien. La route se faisait étroite. La voiture s’enfourcha dans un virage très serré toujours talonné par le Cmax. De nouveau coups de feu retentirent.

Arrêt sur image.

Frédéric, effaré, sentit une balle lui traverser l’épaule. Il ne remarqua pas tout de suite la douleur. Son cerveau lui martelait qu’il n’aurait pas dû se relever. Il se tourna, affolé, vers Diégo et vit avec horreur du sang jaillir de sa bouche et ses yeux… fixes. Non ! Pas lui ! Il resta pétrifié pendant quelques secondes observant les gouttes de sang marquer des auréoles de plus en plus larges sur l’uniforme de Diego. La voiture filait toujours dangereusement le long de la route côtière sans pouvoir distancer ses poursuivants. La pluie faisait rage. Frédéric eut soudain le sentiment de ne plus entendre le crissement des pneus ni le battement des essuies-glaces. Niant sa douleur physique, repoussant la réalité, le cœur déchiré et battant à tout rompre, son cerveau tentait toujours d’analyser la situation.

Retour en arrière.

Son ras le bol des convenances et de sa petite vie bien rangée. Sa divulgation du rapport qui allait pour la première fois compromettre un ponte de la DGSE, proche du président. Son patron, qui plus est. Il fallait vraiment être naïf pour croire que cela aurait pu se passer autrement. Tandis que ses yeux fixaient sans le voir, le visage désormais sans vie de Diego, il se remémora la passion de leur rencontre imprévue et improbable.
Sans son rapport Diego serait toujours en vie ! Consumé de culpabilité, étouffé de remords, il osa à peine un regard sur la route. On n’y voyait rien de toute façon. Il était trempé par la pluie qui s’engouffrait par l’arrière. Encore un virage serré ! La voiture allait vite, tellement vite ! Soudain, il se sentit partir en apesanteur. Le cri de Dolores le sortit de sa torpeur. Le vide. La Ford venait de manquer son virage et allait immanquablement finir dans l’océan. La chute lui parut interminable. Il pensa alors à son son ex-femme, à son fils, Raphaël, à tous les doux moments qu’ils avaient vécu ensembles. A la France, à Paris, au Canigou… Et puis plus rien.

……..



3 commentaires:

  1. ouh là là... mais ce n'est pas "Monte, abrouti", mais Plongeon ahuri...sang.
    Pauvre Diego ! Son géniteur littéraire est triste.
    Bravo très sincère pour ce rythme soutenu et ce suspens génial :-))

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah Diego va me manquer...C'est qu'il raflerait presque la vedette à Frédéric... merci Jean Luc pour ce personnage coloré. Muchas Gracias. Et RIP Diego.(Rest In Peace)

      Supprimer
  2. Ouais, une suite rythmée, cadencée, rebondissante...c'est excellent!

    RépondreSupprimer